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Fans de Muriel Baptiste

Interview Télé 7 Jours de Jean Nocher

2 Mars 2009 , Rédigé par patricks Publié dans #INTERVIEWS DE MURIEL

Interview Télé 7 jours de Jean Nocher (Quelle famille)

 

Article de  Bruno D’Epenoux et Paulette Durieux, télé 7 jours 31 mai 1965

 

« Vous feriez un extraordinaire français moyen ». C’est André Malraux qui lui avait ainsi prédit, en 1958, le plus bel avenir en lui demandant de venir bavarder à la radio quelques minutes chaque soir. « Français moyen » de service depuis sept ans dans « En direct avec vous », Jean Nocher, cinquante-sept ans, regard vif et teint fleuri, a décidé de rester à la télévision fidèle à sa réputation. Son feuilleton « Quelle famille », dont vous verrez le premier épisode ce soir, n’a pour but, dit-il, que d’amuser les familles françaises sans message prétentieux, ni idée préconçue. Et dans son bureau de sa villa de Bougival, quand il reçoit ceux à qui il désire présenter son œuvre, il tient d’abord à préciser que le feuilleton est bien français.

« Les journaux ont parlé d’une traduction approximative d’un feuilleton américain. C’est tout à fait inexact, dit-il. Il y a dix ans, j’avais déjà fait pour la télé une série de treize émissions intitulée « la famille Anodin ». A la demande de Mr Contamine, j’ai repris dans « Quelle famille » les personnages principaux de cette série-là. Avec dans les rôles des enfants, MURIEL BAPTISTE et mon fils François, qui est actuellement élève au Conservatoire ».

Mais d’avoir travaillé ainsi en famille n’empêche pas Jean Nocher d’être un peu inquiet : « les aventures distinctes qu’on m’avait demandé d’écrire, explique-t-il, devaient passer chaque semaine en épisode de vingt six minutes. J’apprends maintenant qu’on vient d’en faire un feuilleton quotidien en épisodes de treize minutes. Chaque histoire est donc coupée en deux. L’effet comique risque de tomber à plat ».

Heureusement, Jean Nocher a, pour forcer à rire, quelques bottes secrètes de son invention. Il est, entre autres choses, l’inventeur heureux d’une machine à passer le bachot sans larmes et d’une machine à faire sans difficultés les devoirs de philo. Et il tire lui-même la morale de ces machines qu’il vous présente dans son feuilleton : « Les connaissances, dit-il, empêchent l’intelligence de se développer ». Mais vous n’êtes pas, bien sûr, obligé de le croire.

 

Né en 1908, fils d’un instituteur, Jean Nocher a fait lui-même de très sérieuses études. A vingt-six ans, Gaston Charon – c’est son vrai nom – était sur les bancs de l’école normale supérieure aux côtés de Jacques Soustelle, de Robert Brasillach, de Georges Pompidou, et débutait comme professeur dans un cours féminin.

« Je n’en garde pas un très bon souvenir, dit-il, les filles apprennent tout en pleurant. Se sentant ainsi peu de goût pour l’enseignement, il bifurque alors vers le journalisme.

Entré au journal « L’œuvre », en 1933, il oublia de faire une enquête sur la jeunesse qui lui avait été commandée. Pour réparer ce fâcheux oubli, il écrivit lui-même une lettre ouverte au journal sous le titre « la curieuse lettre d’un moins de vingt-cinq ans » qu’il signa d’un pseudonyme : Jean Nocher. Cette lettre eut un grand succès et il  garda désormais ce nom pour se lancer dans la brillante carrière de touche à tout.

Fondateur d’un mouvement de jeunesse, mis en prison à Belgrade pour avoir réclamé là-bas l’amnistie des prisonniers politiques, Jean Nocher entre dans la résistance dès 1940. Spécialiste de plastic, il garde un souvenir horrifié de toutes les maisons qu’il a dû faire sauter. Arrêté en 1942, emprisonné à Saint Paul de Lyon, avec les droits communs, il constata, là encore, dit-il que l’éducation est bien inutile. « J’étais avec un garçon de trente cinq ans qui avait déjà passé dix sept ans en prison. Il avait eu le temps de lire 2000 livres de la bibliothèque. Il  se souvenait de la couleur de chaque couverture mais il avait oublié tout ce qu’il y avait dedans ».

Libéré et redevenu journaliste en même temps qu’il débutait à la radio, Jean Nocher faillit épouvanter la France entière, le 4 février 1946, avec une émission de science fiction célèbre : « Plate forme 70 ». Il reçut alors 28 000 lettres mais fut suspendu pour trois mois.

 

Le producteur de « Plate forme 70 » a eu, depuis, l’occasion de rassurer son pays en lui parlant chaque soir dans « en direct avec vous ». Et il reconnaît sans hésiter qu’il en est assez fier : « Mon émission est une des plus écoutées, dit-il. Son pourcentage d’écoute est nettement supérieur à celui de l’émission de Saint-Granier ». Mais de recevoir, grâce à cette émission, plus de 200 lettres par jour n’empêche pas Jean Nocher d’avoir un grand regret : « J’aurais tant aimé être poète, dit-il, pour mieux rêver en silence ».

 

L’article est illustré par une photo de Muriel, la main sur le cou, déclamant une tirade.

 

Quelle famille 2

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L
<br /> Nocher était un vrai "gaulliste". Un journaliste courageux, qui, dans les années 1960, eut sa part d'insultes. Comme résistant, il avait fait de la prison et avait cotoyé des "droits-communs". Il<br /> avait pour eux un très grand mépris. Son "émission-panique", une invasion d'extra-terrestres, succédait à celle d'Orson Welles aux U.S.A.<br /> <br /> <br /> Signé S. LEBEL, journaliste, auteur dramatique, poète, spécialiste de l'image en relief et de l'harmonica chromatique de concert.<br />
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