Du 15 au 21 décembre 1973
Samedi 15 décembre
Huitième épisode de "L'homme de fer": "Le retour du héros". Mais l'ais-je regardé ? Cela dépend de ce que proposait en face "La Une est à vous". En effet, l'enquête de Robert Dacier arrive à 15h10 alors que sur l'autre chaîne, ce sont des séries qui passent de 14h30 à 18h50. Parmi les séries proposées au vote des télespectateurs, "Opération vol", "Cannon", "Les évasions célèbres", "L'immortel", "Au-delà du réel", "Hondo" et "Les mystères de l'ouest". Je n'ai jamais été très fan de "L'homme de fer", c'était bien mais sans plus, je préférais "L'immortel" et "Cannon" par exemple.
La Une a un choix inhabituel pour sa soirée : un téléfilm anglais, "Don Quichotte" avec Rex Harrison (pas vu).
Sur la 2, un top à Jacqueline Maillan (si elle a échappé aux grèves, car une grève générale paralysera le lendemain dimanche
Puis c'est Bouvard qui termine la soirée, avec un bémol : s'il a échappé aux grèves, comme Les Carpentier avec Jacqueline Maillan. J'ai à l'époque les magazines TV de Noël et je constate qu'à la différence de 1972, Muriel ne pointe pas le bout de son nez.
Dimanche 16 décembre
Vous souvenez vous du samedi 16 décembre 1972 que j'ai raconté plusieurs fois sur ce blog ? Eh bien, un an plus tard, c'est la désillusion. D'ailleurs une grève frappe l'ORTF et les films et les séries seront même déprogrammés. Ce ne sont pas les grèves qui m'affligent, c'est l'absence totale de Muriel Baptiste. Elle allait brièvement revenir, mais le temps de deux téléfilms, les samedi 9 février et mercredi 6 mars 1974, date où le journal de l'année s'arrêtera sur ce blog.
Ce jour-là devait être diffusé à 20h50 "L'affaire Thomas Crown" et c'est "La main au collet " d'Hitchcock qui est programmé à la place. Même "Le Ranch L" - on se demande bien pourquoi - est reporté au dimanche 6 janvier 74. Quand on regarde les programmes de début janvier 74, ce jour-là, tout est passé à la trappe.
Sur la 2 à 14h25, il y avait un film de Joselito, "Mon ami Joselito" qui est déprogrammé, tout l'après-midi l'écran est en berne.
Pourquoi une telle rogne ? J'ai regardé sur wikipédia : Arthur Conte fut renvoyé de la présidence de l'ORTF le 23 octobre 1973 et le Conseil des ministres désigna Marceau Long pour le remplacer dès le lendemain. Ceci provoqua de vives réactions de l'inter-syndicale et de plusieurs journalistes de l'ORTF, qui mettent en avant cette crise qui a provoqué le renvoi d'Arthur Conte, mais aussi « le problème fondamental de l'office », à savoir son indépendance et son unité. Le gouvernement répondit que « l'office n'est pas une machine de guerre dirigée contre le gouvernement ». Des réactions de l'opposition à l'Assemblée nationale virent également le jour. Les communistes annoncèrent notamment « qu'il n'y aura pas d'indépendance à l'ORTF tant que le PDG dépendra du Président de la République et du Premier ministre. » Pour les réformateurs démocrates sociaux cette crise est « un règlement de comptes qui ne résout aucun des problèmes posés » et pour les républicains indépendants, « le problème ne pourra se résoudre que par l'existence d'une concurrence ».
Lundi 17 décembre
Comme en 1972, les feuilletons sont diffusés en alternance un jour sur deux le soir pendant les fêtes. Le lundi, mercredi et vendredi "L'ïle mystérieuse" sur la Une, le mardi, jeudi et samedi "Arsène Lupin" sur la 2, le mercredi "Lucien Leuwen" sur la 2, notons qu'à 15h15 à la place de "L'homme de fer" est rediffusé un des feuilletons de Noël 72, "Les aventures de Pinocchio".
Ce 17 décembre donc commence "L'île mystérieuse", version feuilleton TV d'un film sorti au cinéma en octobre 73. Les vedettes en sont Omar Sharif et Philippe Nicaud. Adapté d'un roman de Jules Verne, il est sans doute dommage de l'avoir diffusé sur une chaîne en noir et blanc. J'ai dû regarder cela distraitement, sans que cela me passionne, car je n'en ai aucun souvenir. Le lendemain, j'avais rendez vous avec Arsène Lupin.
Muriel disait en juillet 72 qu'elle ne pourrait plus regarder la télévision avec tous les feuilletons qui passaient avec elle (elle détestait se voir à l'écran). Elle pouvait malheureusement regarder les programmes des fêtes 1973 tranquille.
Mardi 18 décembre
La France entière ce soir-là trépigne devant le petit écran pour retrouver Arsène Lupin/Georges Descrières. La saison 1 diffusée au printemps
Le premier épisode des treize nouveaux s'appelle "Herlock Sholmès lance un défi", et nous permet de retrouver Henri Virlojeux, le cardinal Duèze des "Rois maudits".
L'épisode est adapté de deux nouvelles du recueil "Arsène Lupin gentleman cambrioleur", et plus précisément des récits "Le collier de la reine" et "Herlock Sholmès arrive trop tard". Mais comme pour les James Bond avec Roger Moore, les Lupin de Descrières sont moins dramatiques que les romans. Ici, le ton est léger. Sociétaire de la Comédie Française, Georges Descrières s'en donne à coeur joie mais le public va déchanter devant les épisodes coproduits avec les télévisions étrangères, notamment l'Allemagne, la Suisse, l'Autriche et les Pays-Bas. On remarque les semaines suivantes des lettres de téléspectateurs mécontents, ou encore Télé Poche qui au début met trois étoiles, puis deux, puis une.
A l'époque, je me rappelle avoir apprécié la série, par contre je trouve en regardant les DVD que la série a mal vieilli, et qu'effectivement les épisodes allemands-autrichiens-néerlandais-suisses sont des catastrophes. Ou alors, pour aimer la série, il ne faut pas lire les romans. Lorsque j'ai lu "la demoiselle aux yeux verts" de Maurice Leblanc qui lance Lupin dans une aventure en Provence aux frontières de la science-fiction (la fontaine de Jouvence), et que l'on voit l'épisode de la saison 1 en Allemagne, on se dit que le manque de moyens est flagrant, que le roman a été complètement sabordé.
Dutronc propose une nouvelle chanson pour cette saison 2, "Gentleman cambrioleur", qui fin 73 début 74 est un des plus grands tubes du chanteur.
Certes, à côté de la télé d'aujourd'hui, la série (comme "Les brigades du tigre" ou "Vidocq") est un chef d'oeuvre. J'aurais apprécié y voir Muriel en vedette invitée. Elle aurait pu tenir le rôle que tient Thérèse Liotard dans l'épisode 3 "Le mystère de Gesvres".
Le 18 décembre 1973, les autres chaînes n'ont eu qu'une faible audience en raison du plébiscite Lupin.
Mercredi 19 décembre
L'après-midi, 17e épisode du "Cheval de fer" : "Le duo de fer".
A 20h30, la Une et la deux proposent chacun un feuilleton des fêtes, comme un an auparavant "Pinocchio" et "Les Rois maudits". Il faut donc choisir entre sur la Une "L'île mystérieuse" et "Lucien Leuwen" sur la 2. J'ai regardé la Une.
Lucien Leuwen est adapté d'un roman inachevé de Stendhal, avec dans le rôle titre Bruno Garcin, et Nicole Jamet en premier rôle féminin. Mais on ne pouvait regarder les deux films à la fois. Je ne l'ai jamais vu ensuite bien que cela ait dû être rediffusé.
Je me souviens que mes parents n'ont suivi que "Arsène Lupin" parmi les feuilletons des fêtes 1973, se désintéressant de "L'île mystérieuse" qui s'adresse avant tout aux enfants.
Muriel, tant présente dans ce journal 73 jusqu'à l'été, brille par son absence totale en fin d'année, mais pour mieux revenir, brièvement, en février mars 74.
Jeudi 20 décembre
Deuxième épisode de Lupin : "Arsène Lupin prend des vacances", s'inspirant vaguement du roman de Leblanc "813". Claude Degliame et Daniel Sarky - héros de "Ton amour et ma jeunesse" - donnent la réplique à Georges Descrières.
A 21H35, un montage des "Maudits rois fainéants" avec Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, satire des Rois maudits diffusée par épisodes dans "Devine qui est derrière la porte ?" (voir ce blog début 1973). Cela me faisait bien rire.
Mais décembre 1973 n'a pas le charme du même mois en 1972.
Vendredi 21 décembre
C'est le mercredi que les films sortent en salles, mais c'est ce vendredi 21 que pour la première fois, les spectateurs français découvrent Roger Moore en successeur de Sean Connery : "Moi, je m'appelle Bond, James Bond", déclare-t-il dans "Vivre et laisser mourir" à la jeune Solitaire, future docteur Quinn femme médecin Jane Seymour.
Je devrais attendre un mois pour que le film arrive dans ma petite ville de province. Eh oui, c'était comme cela en 1973.
J'ai regardé le troisième épisode de "L'ïle mystérieuse" et raté "Roméo et Juliette" mis en scène par Claude Barma avec Nathalie Juvet et Jean Louis Broust, le roi Edouard III dans "Les Rois maudits". C'est impardonnable, car Barma et le moyen âge, cela donne des chefs d'oeuvre. Plus tard, je m'extasierai devant la version de Zeffirelli de 1968 lors d'une projection TV avec Olivia Hussey. Pourtant, si c'était à refaire, je regarderai la version de Barma. C'était un merveilleux metteur en scène.
Jean-Louis Broust malgré son talent n'a pas fait une grande carrière. Il est mort jeune (59 ans) en mai 2006 dans l'oubli total. Nathalie Juvet est devenue metteur en scène et directrice artistique.
En cette fin 1973, si Roger Moore atteint le zénith de sa carrière, c'est le chant du cygne de celle de Muriel.