Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Fans de Muriel Baptiste

Jeudi 28 décembre 1972

21 Décembre 2011 , Rédigé par patricks Publié dans #JOURNAL 1972

 

 

Jeudi 28 décembre 1972, c'est le zénith de la carrière de Muriel, jamais plus elle ne connaîtra le haut de l'affiche ni un tel succès.

Beaucoup de gens ne se souviennent d'elle que pour "Les rois maudits".

 

J'étais devant mon petit écran ce jour-là.

 

L'après midi, le neuvième épisode de "Match contre la vie" : "A l'est de l'Equateur", racontait l'histoire d'un homme qui se fait passer pour mort et que Paul Bryan parvient à retrouver au prix d'un périple dans la jungle. Mais il ne livrera pas le secret de celui qui a fui la civilisation.

 

20h30 arrivèrent. Ma mère, ma grand-mère et moi virent défiler le générique.

 

"Les rois maudits" continuent donc après la mort de Philippe Le Bel. Nous retrouvons Marguerite en prison. Ses cheveux ont un peu repoussé.

 

Dans le premier épisode, j'avais cru que Pierre Michael jouait Marigny, là, je fis donc pleinement connaissance avec André Falcon que je devais revoir au cinéma dans "Les aventures de Rabbi Jacob".

 

Muriel en Marguerite est resplendissante. Enlaidie, fatiguée, la comédienne n'en reste pas moins aussi bouleversante que dans "La princesse du rail". Voulant résumer "Le roi de fer" pour ma mère, je mentionnais "La princesse du rail" au lieu de Marguerite, ce qui irrita ma grand-mère. Sa réflexion fut la suivante: "La princesse du rail n'a rien à voir là-dedans".

 

Je dévorais des yeux Muriel Baptiste tout le long de l'épisode. Ce second volet de la saga de Druon me bouleversa. Il resta longtemps ancré dans ma mémoire, et lorsque je le revis, en juin 1975 puis en avril 1987, le même effet se produisit.

 

Ce fut sans doute l'un des moments les plus intenses de mon enfance, ou adolescence, ou les deux réunies. La voix de Muriel, le rictus amer de Muriel, le sourire de Muriel, les cheveux de Muriel, elle était un trésor à l'état pur devant mes yeux dans le petit écran en noir et blanc.

 

La musique de Georges Delerue, pas celle du générique mais le thème des scènes tristes avec Muriel, s'imprima dans ma mémoire.

 

Bien sûr, beaucoup de choses passèrent très loin au-dessus de ma tête. Lorsque le comte Robert d'Artois demande au confesseur quel est le faible de la nature de Marguerite, et qu'il répond "la chair", je ne compris rien. Mais l'intrigue me passionna, elle était palpitante même en dehors de Muriel.

 

J'ai vécu une soirée passionnante. Dans la première partie, Muriel partage seule l'écran avec Blanche/Catherine Hubeau, puis ce sont les scènes avec Jean Piat. Un véritable jeu du chat et de la souris. D'autres personnages entrent en scène et nous éloignent de la prison de Chateau Gaillard où sont enfermées les princesses adultères. La magie de Claude Barma fit que je pensais réellement qu'il tournait à l'intérieur de ce cachot, alors que tout était filmé en studio aux Buttes-Chaumont.

 

Muriel ne revient que deux fois dans l'épisode, dans la scène qui correspond au chapitre du livre "La lettre du désespoir", puis au final "Les assassins dans la prison". La magie de la première vision, surtout si l'on n'a pas encore lu le livre, c'est de ne pas savoir quand Marguerite va surgir à nouveau.

 

Muriel m'a fait passer ce soir-là à une étape supérieure dans mon amour pour elle. Je l'adorais, et je revivais au fond, avec sa mort, le drame de la fin de "La princesse du rail". Ces rôles suivants ("Le premier juré", "La double vie de Mlle de La Faille", "L'affaire Bernardi de Sigoyer") et même la diffusion des "Risques du métier" le 4 février 1973 n'allaient pas me procurer le même plaisir, car le rôle de Marguerite n'avait d'égal que celui d'Annunciata Vidal.

 

Ma grande erreur fut de croire que ce n'était que le début, alors que la fin de sa carrière et le tournant de sa vie arrivaient. Je ne pouvais le deviner. C'était contre l'ordre des choses.

 

Lorsque le petit écran fut éteint, j'étais bouleversé. Son image en reine déchue allait longtemps hanter ma mémoire. La scène final avec Blanche pleurant devant le cercueil devint un repère dans mes souvenirs d'enfance. Il y avait avant et après le 28 décembre 1972.

 

Lorsque des feuilletons comme "Les gens de Mogador" ou plus tard (juin 1973) "Là-haut les quatre saisons" furent diffusés, je continuai à rêver de Muriel-Marguerite. Mais à la différence de l'association faite entre Annunciata et son interprète, cinq ans plus tôt, je savais bien qui était Muriel, et je savais que je l'aimais.

 

Trente-neuf ans plus tard, mes sentiments n'ont pas changé, même si elle n'est plus là.

 

Je mémorisais quasiment tous les acteurs de l'épisode, de Louis Seigner à Jean Piat, ou Georges Ser, et en les revoyant dans d'autres films, un prénom me revenait immédiatement en mémoire, celui de Muriel.

 

vlcsnap-2012-11-22-20h07m57s56

 

marguerite a chateau gaillard 2-copie-1marguerite dernière scène chateau gaillard

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article